Coravin

Coravin, la bonne nouvelle pour les Bacchus addict

Mais, c’est quoi ce bidule ? Un nouvel outil du futur pour bricoler ? non. Un espèce de microscope raté ? non plus. Coravin  est le nouvel accessoire dont tout le monde parle sur la galaxie des amoureux de Bacchus. Même Robert Parker, le dégustateur américain cité et décrié, le connaît et le considère comme le « nouveau produit le plus révolutionnaire et excitant lancé depuis ces trente dernières années ». Lors de son lancement officiel en France, organisé au 110 Taillevent à Paris, même le meilleur sommelier du monde Philippe Faure-Brac s’est faufilé dans le groupe d’invités, tandis que les autres convives se pressaient autour des prototypes de l’accessoire-star.  

Pourquoi tant de grabuge autour de Coravin ?

Parce que l’invention a ouvert la voie à une nouvelle consommation du vin. L’accessoire parvient à extraire le nectar d’une bouteille, en infiltrant une aiguille médicale à travers le bouchon de liège, qui ne devient plus utile d’ôter avant dégustation.

Pincez la bouteille. Appuyez pour faire pénétrer l’aiguille. Actionner la tirette pour utiliser l’argon (gaz inerte). Et servez-vous. Retournez la bouteille. Pas une goutte !

Bref, vous avez compris, Coravin est une révolution qui va booster le vin au verre. Car vous pouvez vous contenter d’un seul verre de la jolie bouteille de Puligny-Montrachet que vous vous êtes offerte, sans craindre que le nectar s’oxyde. Et vous pourrez renouveler le plaisir une prochaine fois, jusqu’à épuisement du flacon.

Imaginez. Un dîner entre amis. Voilà que vous vous mettez (enfin !) à proposer du choix pour accompagner le plateau de fromage. Car on le sait, le vin blanc est le mieux prescrit pour sublimer fromages de chèvre, comté etc… Mais, le vin est avant tout une histoire de goût personnel et de nombreux amateurs continueront d’opter pour la couleur rouge sur leur Bleu d’Auvergne.

Autre bonne nouvelle. Au restaurant, le sommelier pourrait enfin réussir à vous servir le verre d’un grand vin, réservé aujourd’hui au service en bouteille. Les grands noms de la gastronomie n’ont pas tardé à flairer l’opportunité. Le Taillevent et l’Apicius à Paris se sont déjà procurés Coravin, tout comme le sommelier des très branchés Beef club et fish club, les fameuses caves Legrand mais aussi le réseau de cavistes Lavinia. Vous pouvez vous le procurer pour 299 euros.

Un succès américain

Le succès de Coravin est d’autant plus étonnant qu’il s’agit de l’invention d’un ingénieur médical américain. Greg Lambrecht, que la Revue du vin de France, n’a pas tardé à féliciter lors de ses dernières remises de prix en janvier 2014, est un entrepreneur qui a mis toute sa passion du vin à contribution pour faire éclore son projet. Il a démarré les recherches en 1999, pour aboutir aujourd’hui à ce résultat.

Lors de notre rencontre, le « self-made man » n’a pas hésité à me confier l’histoire de la genèse de Coravin… Et je ne pouvais pas manquer de lui demander ses explications quant aux cas (1 pour 70.000 bouteilles) d’explosion survenus aux Etats-Unis. Confidences.

Racontez-moi l’histoire de Coravin…

Je travaille dans le médical, et le premier outil sur lequel j’ai travaillé était une aiguille pour la chimiothérapie. J’en ai imaginé une qui puisse passer à travers n’importe quoi sans dégât. En 1999, ma femme est tombée enceinte. Elle a donc arrêté de boire. J’avais une quarantaine de bouteilles de vin différentes dans ma cave, qui m’avaient été offertes par des amis docteurs médecins ou des patients. Mon projet, c’était de procéder à une dégustation. Et j’ai réalisé que je ne pouvais déguster qu’une bouteille à la fois. J’avais vraiment envie d’en déguster quatre ou cinq en même temps. Et la technologie ne me le permettait pas. Je savais que je pouvais faire une aiguille qui traverse un bouchon. Je me suis dit que si je pouvais laisser le bouchon en place, je pourrai boire ce que je veux, quand je veux.

Votre système repose sur l’utilisation de l’argon. Etait-ce la seule solution pour garder le vin intact ?

J’ai fait 8 années de recherche. J’ai changé les aiguilles, j’ai changé le gaz, et j’ai changé la pression utilisée pour pousser le vin hors de la bouteille. J’ai fait des expériences sur tous ces paramètres. J’achetais une caisse de vin, je dégustais la bouteille le premier jour. Un mois plus tard, je goûtais la première bouteille en même temps qu’une neuve, et six mois plus tard j’ajoutais une troisième au processus, jusqu’à en avoir cinq. La seule qui ait survécu a était celle avec l’argon. J’ai essayé le nitrogen, l’helium, le dioxide de carbone, des mélanges de gaz… Même pour des vins compliqués comme les Bourgogne blancs, l’argon a été la solution.

Lancer Coravin en France était incontournable selon vous ?

On a lancé Coravin en juillet 2013 aux Etats-Unis. Je me suis envolé pour la France le mois suivant. Les Francais sont des amoureux du vin. Selon moi, les personnes les plus influentes dans le milieu du vin sont les producteurs. Sans eux nous n’aurions pas de vin. Si je ne leur présentais pas en premier, je savais que j’aurais été hors sujet. Je voulais m’assurer avant la commercialisation, que nous l’ayons présenté aux meilleurs producteurs, aux meilleurs restaurants.

La France est une des meilleures à proposer le vin au verre dans le monde. Chez moi, je me sers deux verres avec Coravin et ensuite je débouchonne pour servir le reste. Je ne préconise pas Coravin comme la seule manière de servir le vin. Quand des amis viennent chez moi, je les emmène à la cave. Nous dégustons cinq vins, des bouteilles pleines. Je leur demande leur préférence.  Et je prends en conséquence. Coravin est juste un outil.

Avez-vous eu peur de présenter votre invention à des connaisseurs français ?

Non, je n’avais pas peur, en tant qu’entrepreneur, je fait face à la haine tout le temps (rires, NDLR). Je travaille dans la médecine. Je dois faire face à la mort.  A côté, le vin c’est rien. C’est amusant, c’est de la joie, c’est du plaisir, de la relaxation,  quelque chose que l’on partage.  Qu’il soit conditionné en magnums ou en demi-bouteilles, vous pouvez boire la quantité que vous désirez.

Des cas de bouteilles qui ont explosé suite à l’utilisation de Coravin ont été signalés aux Etats-Unis. Des améliorations ont-elles été apportées depuis ?

Cela concerne environ une bouteille sur 70 000. On a réussi à récupérer ces bouteilles. On a pu constater qu’elles n’avaient pas exploser. Elles ne se sont pas brisées en mille morceaux. En fait, c’est le fond de la bouteille qui est tombé. Les bouteilles avaient en réalité subi des chocs au préalable. La pression de Coravin a été la fois de trop.  Désormais, on conseille de vérifier la bouteille, s’il n’y a pas de défaut, avant d’utiliser Coravin.

Pour plus d’infos sur Coravin : www.coravin.fr

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