Non, la cuisine du Nord se ne réserve pas à la marmite de moules marinières, à la cocotte de carbonade flamande ou au bocal de potjevleesch (écrit : p.o.t.j.e.v.l.e.e.s.c.h). A la frontière du Plat Pays, les influences flamandes imprègnent les saveurs, c’est vrai.
Mais, il existe aussi des producteurs et des chefs qui subliment les emblèmes locaux, que sont les escargots de Radinghem, les endives, le Maroilles, la noix de Saint-Jacques boulonnaise, tout en n’omettant pas les autres gourmandises françaises.
Les chefs Alexandre Gauthier, à La Grenouillère à Montreuil-sur-Mer, et Florent Ladeyn, à l’Auberge du Vert Mont à Boeschepe et à la Cantine flamande à Lille, sont sans doute de dignes représentants de ce que je veux défendre.
Succombez à la mer
Eloignez-vous du tumulte de la Grand’Place, à Lille, et abordez la campagne entre Saint-André et Verlinghem pour découvrir une adresse, où la cuisine portée sur les produits de la mer est subtile et gourmande. Le chef Olivier Masson réserve ses poissons et coquillages tout juste pêchés, en provenance de Boulogne-sur-Mer, pour les servir dans une petite salle cosy de 20 couverts, au style épuré et familial. Exit l’ambiance bistrot qui existait il y a sept ans à cette même place.
Depuis un an et demi, le restaurateur fait face aux répercussions néfastes des travaux d’aménagement de la voie. Il a dû revoir son organisation, son personnel, ses jours d’ouverture… Fort heureusement, ses désagréments qui ont poussé bon nombre de gastronomes à se perdre dans l’arrière campagne andrésienne n’ont aucun impact sur la cuisine du chef. Vous dégustez frais et fait-maison.
Tiens, une preuve débarque déjà dans notre assiette : un amuse-bouche signé « la mer », elle-même. C’est une mousse de poissons – comprendre cabillaud, lotte et gambas, au basilic. Une petite touche de tapenade relevée à la truffe et coiffée d’une tuile de parmesan entraîne les papilles pour la suite.
Car l’entrée est une belle signature de la maison, qui ne peut s’empêcher de conjuguer les produits de la mer avec les subtilités de la région. Plus concrètement, voici les noix de Saint-Jacques poêlées, sauce douce à la chicorée. On connaissait le mollusque dans une version sucrée/salée. Ce n’est plus une surprise. Mais, le cas qui nous est présenté ici est une nouvelle découverte grâce à la chicorée qui accompagne de sa saveur affirmée la chair délicate des noix de Saint-Jacques. Quand je vous disais que le Nord n’offrait pas qu’une cocotte de carbonade flamande…
Je ne peux manquer de vous présenter une autre entrée, qui sert un autre style : la nage d’escargots de Radinghem au « Monts des Cats » et noix grillées. Le gastéropode ch’ti (parce qu’ils ne sont pas que bourguignons) s’associe sans mal à l’un des fromages stars de la région (parce qu’il n’existe pas que le Maroille dans la vie des nordistes). J’avoue qu’il s’agit davantage d’un plat pour gourmands que gourmets.
Passons au plat. Sous le charme sert différentes viandes, telles que le pavé de quasi de veau, les filets de caille ou le magret de canard. Pour ma part, j’ai joué la carte de la mer avec un filet de bar poêlé aux petits légumes de saison, sauce velouté au jus de homard. Les carottes sont cuites, les petits navets sont là, et le céleri ne manque pas. Le poisson est roi, avec un morceau de taille honnête, dont la chair est cuite avec soin. Elle fond sur la langue, et se déguste à ravir avec le jus de homard.
En dessert, le chef remplit le contrat avec un gâteau au chocolat et crème anglaise moka, émulsion à la chicorée.
Seul bémol : le vin. Je suis réservée sur les étiquettes servies qui, à mon goût, ne sublimaient pas assez la cuisine d’Olivier Masson. En entrée, le Saint-Véran 2013 du Domaine du Paradis passait sous la force du Monts des Cats et manquait de longueur en bouche. Le Château Cabannieux 2012 Graves était mieux trouvé sur le filet de bar, grâce à ses notes confites et ses arômes évolués.
A vrai dire, je dois confier qu’il ne s’agissait pas d’une première dans le restaurant d’Olivier Masson. Mon souvenir était marqué par un dîner dont les plats avaient bénéficié d’accords parfaitement exécutés sur chaque plat. Ma gourmandise avait ainsi positionné la barre haute…
En bref, le chef tient le cap malgré le contexte compliqué de la rue en travaux et sert une cuisine délicate, subtilment réfléchie. On ne peut que féliciter ses prix compte tenu de la fraîcheur de ses produits, avec le week-end un menu entrée+plat ou plat+dessert à 25 euros, ou la totale à 30 euros, sinon à 42 euros avec le vin. La semaine, comptez entrée + plat ou plat + dessert : 19,90€
entrée + plat + dessert : 24,90€.
Mon conseil : abonnez-vous à la page Facebok du restaurant, www.facebook.com/ pages/Restaurant-Sous-le-Charme et surtout réservez à l’avance !
Sous le Charme
625, Avenue du Maréchal De Lattre de Tassigny
59350 Saint-André-Lez-Lille